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Lauréat cette année de la Palme d'or à Cannes, ce film (pardon, ce chef d'oeuvre) nous fait suivre le quotidien du lycée de Columbine juste avant la malheureusement célèbre tuerie de 1999. Tourné à Portland, dans l'Oregon, il met en scène des adolescents aux profils divers, mais finalement très ordinaires: 3 minettes anorexiques, une fille paumée, un jeune garcon au père alcoolique, 2 ados solitaires... Pendant les trois quarts du film, le spectateur suit ces silhouettes qui se croisent ou cohabitent sans se voir. Comment imaginer que des plans fixes si neutres, des situations si banales annoncent le pire? Pourtant, des indices nous font sentir que cette journée-là ne sera pas comme les autres. Le ciel s'assombrit, la musique (La Lettre à Elise) revient de manière oppressante... Puis le dénouement se rapproche inexorablement: on n'est plus qu'à une seconde de l'horrible. Mais Gus Van Sant prend son temps: le doute s'efface, maintenant il est temps de voir la préparation de l'attentat. Là je ne vous en dis pas plus; pas d'émotion, tout est encore si banal... Tout comme les corps qui tombent sur le lino froid. Par dizaines, sans un bruit. Et sans explication. C'est peut-être cela qui tranche le plus avec Bowling for Columbine . Ce film n'essaie pas d'expliquer quoi que ce soit (sauf une scène de jeu vidéo qui trahit un peu cette neutralité), il nous mêle à ce quotidien. L'absurdité du meutre en ressort d'autant plus cruelle et bouleversante. On ressort de la salle déboussolé. En réalisant que l'on vient de vivre un grand moment de cinéma. | ||
Fiche réalisée par PCN. | ||||
